( Ces notes sont extraites des journées consacrées à "l’agressivité dans le monde des soins" , dont la 1ère partie est : " la communication ", la 2ème partie : " le chantage émotionnel " et la 3ème partie : " l’agressivité dans le monde des soins ).
" Créer des relations de confiance et communiquer de façon constructive avec les personnes au sein des équipes"
Conférence de Rosette Poletti
Dans la vie personnelle , au sein du couple , de la famille , sur le plan professionnel , dans la société , partout , le fondement entre les humains est la communication et l’élaboration de relations .Les difficultés rencontrées dans la vie sont pratiquement toujours liées à des problèmes de communication .
Toute relation ne peut se faire qu’à travers une forme de communication . Qu’est ce qui favorise cette communication ? Qu’est ce qui la rend difficile ?
La communication , c’est la vie . Chaque intreraction entre humains est une forme de communication verbale ou non-verbale . c’est aussi ce qui permet de vivre la vie avec plaisir , car la communication permet d’exprimer à l’autre son attention , son amitié , l’amour , l’intérêt , et de transmettre des informations .
En tant que soignants , nous sommes des spécialistes de la communication : nous sommes capables de capter beaucoup d’informations, de donner les informations nécessaires à la personne qui est en face de nous , de prendre les informations que nous donne cette personne , le trier , les structurer et les redonner à l’équipe ,à la famille . Notre profession de soins est une profession de spécialistes en communication et en relation .
La communication nous permet de devenir humain . Au niveau scolaire , il existe peu d’endroits où l’enseignement de la communication est abordé , c’est-à-dire où l’on reçoit des informations sur ce qu’est une émotion, ce que veut dire s’exprimer en tant que personne globale , quels sont les freins dans la communication , quels sont les problèmes qui se posent entre les personnes ... Tout ceci n’est pas enseigné alors que cela est fondamental !
a) ETABLIR UNE RELATION AVEC AUTRUI
En général , c’est pour transmettre quelque chose à quelqu’un , consciemment ou inconsciemment . La communication est partout , continuelle et normalement prévisible :
si je rencontre quelqu’un et que je lui souris , il y a 90% de chances pour que cette personne me sourit en retour .
si j’agresse quelqu’un , je peux à peu près être sûr qu’il y aura une réaction de sa part .
en PNL ( Programmation Neuro-Lingusitique ) , on étudie comment cela peut-être prévisible , comment on peut amener l’autre , d’une certaine manière , à communiquer dans un sens donné n par une très bonne connaissance de tous les signes que cette personne émet dans la communication .
on ne peut pas ne pas communiquer
nous communiquons à deux niveaux , verbal et non verbal ( avec le même contenu et un non-verbal différent , on obtient des messages différents , on parle de « métacommunication »)
b) LES ENTRAVES A LA COMMUNICATION
le moment est mal choisi : Jacques Salomé insiste sur les moments prévus , dans une famille , pour parler . Si on attend trop que cela soit possible , il n’y aura pas de temps . C’est la même chose au niveau professionnel , il est très important de savoir choisir le temps et de se le réserver . Si ce temps est prévu dans le concept des soins palliatifs , pourquoi ne l’est-il pas dans les autres services ?
l’espace inadapté : on a besoin d’avoir un endroit , un espace adapté pour bien communiquer . Par exemple , il est difficile d’avoir une vraie communication dans une chambre d’hôpital à plusieurs lits .
l’inconfort
la présentation physique du vis-à-vis : il est difficile de parler à quelqu’un qui est mal installé ou défiguré .
la différence d’âge : dans la société actuelle , il y a un important fossé entre les générations .
les préjugés : si je pense que je ne peux pas communiquer avec telle ou telle personne , et que ceci est bien ancré à l’intérieur de moi , je ne vais pas pouvoir communiquer . Si je pense que la personne est comme ceci ou comme cela , je ne me donne pas toutes les chances pour bien communiquer avec la personne . Ce que je pense de l’autre est un aspect très important dans la communication .
c ) LES BLOCAGES DANS LA COMMUNICATION
la passivité : se trouver face à quelqu’un de passif : « C’est comme tu veux ... »
la dévalorisation : elle est fréquente sur le plan professionnel : « faut pas en faire une histoire , ce n’est pas grave ... » . On pense rassurer , mais en fait , on dévalorise . Je dévalorise ce que l’autre ressent en le regardant avec mes yeux , ou bien en signifiant à l’autre que ce qu’il est en train de raconter n’a pas l’importance qu’il lui donne .
la redéfinition : ex : « Peux-tu me donner un coup de main ? - Je ne suis pas à tes ordres ! » Ce n’est pas ce qui était entendu !
donner trop de détails : certaines personnes , par souci de perfection , se perdent dans des détails insignifiants
rationaliser : ex : « mon défunt mari me manque encore ...- c’est normal ! un processus de deuil dure deux ans ! » : on répond par des explications théoriques alors que le personne veut être entendue dans ses émotions .
trop d’émotionnel : colère , cri , peurs
être trop abstrait : utiliser un jargon compliqué pour dire les choses .
être indirect : tenter de faire passer un message sans le dire à la personne en question , prendre des chemins détournés : souvent quand on n’a pas la sécurité pour dire ce qu’on veut dire .
généraliser : utiliser « toujours, jamais » : ex : « c’est toujours pareil ! »
la communication indirecte : utiliser « on » ou « il » au lieu de « je », « moi », « toi » pour être dans une communication de personne à personne
les ressentiments , les critiques , l’agressivité indirecte , le poids du passé , les non-dits
la projection : je plaque sur l’autre quelque chose qui est à l’intérieur de moi , en prétendant que mon ressenti est le sien .
d ) CE QUI FAVORISE LA COMMUNICATION
choisir le bon moment : demander un temps pour cela
s’exprimer clairement : préparer ce qu’on va dire , si besoin écrire les points importants
apprendre à négocier : chercher le gagnant-gagnant plutôt que le tout ou rien
reconnaître l’autre , le lui montrer : s’adresser à lui par son nom , situer la personne pour qu’elle se sente moins anonyme
aller vers l’autre : on peut difficilement attendre toujours que les autres viennent vers nous , c’est aussi à nous d’aller vers eux
renoncer à avoir raison ! : « Dans la vie , il faut choisir : être heureux ou avoir raison ! » ( Jampolsky, K.Geyes )
développer la spontanéité : oser dire les choses que j’ai envie de dire , sans imaginer tout ce que cela pourrait produire (par ex des choses gentilles que l’on n’ose pas dire )
écouter , être attentif
une personne veut envoyer un message , mais ...
elle a un peu peur ...,
elle a des images d’elle ...,
il y a les images qu’elle veut donner d’elle...,
il y a l’image qu’elle croit que l’autre a d’elle...,
il y a les images qu’elle a de l’autre...,
ensuite elle peut organiser sa pensée et se lancer !
c’est le même système pour l’autre : il y a les images de moi ..., il y a des images qu’il croit que j’ai de lui..., il y a les images qu’il voudrait me donner de lui..., il y a des images qu’il a de lui-même..., j’ai mes peurs et mes envies..., et là , le message parvient ! c’est un très bon résumé de la complexité de la communication !
La communication repose sur l’écoute . La qualité de l’écoute est importante . Ecouter vraiment demande une attention non divisée . C’est faire taire notre dialogue intérieur pour être totalement présent à l’autre .
e )QUELQUES DERIVES DE LA COMMUNICATION
1 / la passivité : elle peut causer l’agressivité et peut aussi se transformer en agressivité . Certaines personnes utilisent ce mode pour que l’autre soit accusé de son agressivité . Quand on est dans la passivité , il arrive que l’on ignore le stimulus ( passivité grave )
on ignore le problème
on ignore les possibilités de solution
on ignore sa capacité à résoudre le problème : « Moi , je ne peux pas, mais peut-être que quelqu’un d’autre peut ».
cette passivité rend les choses difficiles pour l’entourage
2 / la sur-adaptation : ; « C’est comme tu veux » , c’est systématiquement lâcher prise de ce que je veux , moi , sans négocier
3 / aller dans la violence : c’est un dérivatif à la passivité : on a l’impression qu’on fait quelque chose , mais en réalité , on ne s’occupe pas du problème .
4 / l’inhibition : ne pas oser